Triathlon | Les Québécois incapables de dompter la Seine
(Paris) Les haut-le-cœur dont Charles Paquet était victime après le triathlon masculin, mercredi, n’avaient rien à voir avec la qualité de l’eau de la Seine. En fait, le fleuve s’est déchaîné et le courant n’a laissé aucune chance aux compétiteurs.
La température suffocante dans laquelle les concurrents ont dû vivre leur moment olympique s’ajoute à une série de facteurs ayant rendu ce triathlon inoubliable pour les athlètes.
Au bout de 1,5 kilomètre de nage, 40 kilomètres de vélo et 10 kilomètres de course, Paquet a franchi la ligne d’arrivée en 13e position et en régurgitant directement sur le logo des anneaux olympiques.
Après l’annulation la veille de leur course, prévue à 8 h, les triathlètes ont pris le départ sur le pont Alexandre III à 10 h 45, à la suite de la course féminine. Exactement 1 heure 39 minutes et 47 secondes plus tard, Paquet a avoué avoir sous-estimé la force du courant de ce long fleuve loin d’être tranquille.
« Je pensais que j’avais une bonne place sur le départ, mais avec le courant, tout le monde autour de moi, on s’est ramassés dans le groupe de chasse », a révélé le Québécois.
Les enjeux sanitaires n’ont donc pas été une préoccupation pour lui. Le fait de s’être réveillé à 4 h du matin, mardi, pour apprendre que la course était remise, n’a pas eu d’effet néfaste sur sa préparation. « On a eu une montée de stress et après ça redescend, et c’est peut-être ça, le plus difficile. On est habitués en triathlon, on fait souvent face aux intempéries. »
Le plus ardu, a-t-il déclaré, a été de négocier avec la violence du courant : « Je n’ai jamais nagé dans du courant comme ça. Sur le retour, on avait l’impression de faire du surplace. Ça fait une dynamique extrêmement différente. Je n’ai pas vu les temps de natation, mais j’imagine que c’était une nage très lente. »
La recrue olympique de Port-Cartier a remis un temps de 21 min 16 s en sortant de l’eau. En plus, il a chuté dans la transition entre son premier et son deuxième tour de nage. Paquet a ainsi été séparé du peloton, se déplaçant seul à contre-courant.
D’après lui, l’intensité du fleuve s’explique par la quantité de pluie tombée lors de la cérémonie d’ouverture. Rappelons que plus tôt cette semaine, les entraînements avaient été annulés pour cette raison. Il reste qu’il y a un an, lors de l’épreuve-test, « ce n’étaient vraiment pas des conditions comme ça ».
Mais, comme il l’a précisé, « tout le monde était dans le même bateau ».
Trop d’effort
Le triathlète de 27 ans s’est bien repris dans la course à pied, dernière phase du tracé. Après le premier de quatre tours, il se maintenait en huitième position, mais « tu essayes de ne pas penser », a rappelé Charles Paquet.
À cette étape du parcours, les espoirs de podium existaient encore. Cette année, Paquet avait déjà assuré une cinquième et une septième place en Séries mondiales.
« J’ai pris le risque, je suis allé pour la médaille. »
Cependant, il s’est fait rattraper dans les derniers tours pour terminer hors du top 10. « Le dernier tour, j’ai commencé à payer le prix, mes jambes ne levaient plus et je commençais à surchauffer un peu. »
Sur le plan purement sportif, « les sensations n’étaient pas très bonnes », a-t-il concédé.
Néanmoins, il a réalisé son rêve en participant aux Jeux olympiques. Pour ce natif d’un village d’environ 7000 habitants, les efforts additionnés pour être en mesure de nager, pédaler et courir à travers le Grand Palais, les Champs-Élysées et le pont des Invalides en valaient les sacrifices. « C’est au sommet de la liste en termes de souvenirs. »
Emy Legault aurait aimé faire mieux
Avec sa serviette imbibée d’eau froide autour du cou, comme un sac magique, Emy Legault ressentait des émotions partagées après avoir terminé à la 35e position au triathlon féminin.
Elle s’est dite « contente » de sa course, d’une part. Le fait d’être devenue une olympienne, « c’est assez spécial », a-t-elle confirmé avec le sourire. « Je pense que je vais avoir besoin d’un petit peu de temps pour réaliser tout ça. »
Le meilleur résultat en carrière de la Montréalaise de 28 ans en Séries mondiales était une 10e place, acquise en 2022. Dans le cadre de cette épreuve olympique disputée devant une foule entassée, elle espérait mieux comme résultat : « Proche du top 20, je dirais. »
Mais dans la portion à vélo, Legault a été embêtée par la chute de certaines de ses rivales, positionnées juste devant elle. « C’est en partie hors de mon contrôle », s’est-elle rassurée.
Mais le top 20 dont il a été question aurait été possible, croit-elle, sans cette malchance. « Ce sont des choses qui arrivent. »
La pluie tombée pendant la nuit et en matinée a aussi eu des conséquences sur la qualité de son temps passé sur son vélo. Bien qu’elle ait qualifié le parcours d’« incroyable », ça demeurait une surface « assez glissante ».
« Je suis quand même contente », a-t-elle laissé tomber, en prenant un moment pour regarder la tour Eiffel, sur l’autre rive, en se retournant.