Tarifs douaniers de 25 % Le Canada ne peut « rien faire » pour ...

(Ottawa) Les États-Unis imposeront dès ce samedi des tarifs douaniers de 25 % sur une série de produits canadiens comme l’acier, l’aluminium et les semi-conducteurs. Viendront ensuite des tarifs de 10 % sur le pétrole et le gaz naturel, « autour du 18 février », selon Donald Trump. Dans le camp canadien, on ne considère toujours pas qu’il s’agit d’un fait accompli, le président n’ayant toujours pas couché ses intentions sur le papier.

L’annonce a (encore) été faite, mais le suspense n’est pas levé pour autant.
La Maison-Blanche a bien déclaré vendredi que son rouleau compresseur tarifaire se mettrait en branle ce samedi 1er février.
« Comme le président Trump l’a déclaré hier [jeudi], il a toujours l’intention d’imposer des tarifs au Canada dès demain [ce samedi], potentiellement », a affirmé sa porte-parole Karoline Leavitt.
Mais s’il est vrai que le dirigeant américain a cité quelques-unes des industries canadiennes qui seraient frappées de taxes punitives, il est resté vague sur leur mise en application.
En revanche, il a affirmé que le Canada, le Mexique et la Chine ne pourraient échapper aux tarifs. « Non, pas en ce moment, non », a-t-il lâché.
« Pourquoi devrions-nous subventionner le Canada ? », a-t-il demandé aux journalistes qui le questionnaient dans le bureau Ovale de la Maison-Blanche.
« Ils nous ont traités de manière très injuste », a-t-il encore une fois accusé.
Et les taxes pourraient bien être majorées, a prévenu le président Trump, redisant tout le bien qu’il pense des tarifs – « un mot mal compris », l’un des « plus beaux mots du dictionnaire », selon lui.
Nous allons possiblement les augmenter de manière très significative, ou pas, on verra.
Donald Trump, président des États-Unis
Les produits pharmaceutiques, les puces et le cuivre pourraient subir le même traitement tarifaire, a avancé le locataire de la Maison-Blanche.
Quant à l’Union européenne, elle n’a qu’à bien se tenir : elle est la prochaine dans le collimateur, a prévenu le 47e président américain.
« Nous sommes tellement mal traités. Ils ne prennent pas nos voitures, ils ne prennent pas nos produits agricoles, ils ne prennent presque rien », a-t-il pesté.
Ottawa sur le qui-vive
Le trio ministériel canadien envoyé au front pour réagir à la sortie de Donald Trump continuait vendredi à parler des tarifs au conditionnel et à naviguer à l’aveugle dans les eaux tumultueuses du sud de la frontière.
Au gouvernement canadien, on va réagir à ce que le président américain va faire concrètement, au-delà de ses déclarations.
Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères
« Nous n’avons toujours aucune information, aucune décision formelle qui aurait été prise par la Maison-Blanche », a-t-elle souligné en visioconférence à l’ambassade du Canada à Washington.
Aussi les discussions se poursuivent-elles avec l’administration Trump et avec des membres du Congrès, a-t-elle ajouté, aux côtés des ministres David McGuinty (Sécurité publique) et Marc Miller (Immigration).
En début de journée, du côté de Toronto, le premier ministre Justin Trudeau a réitéré que la riposte d’Ottawa était prête.

PHOTO CHRIS YOUNG, LA PRESSE CANADIENNE
Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau
« Si le président choisit effectivement d’imposer des tarifs au Canada, notre réponse est prête – une réponse déterminée, vigoureuse, mais raisonnable et immédiate », a-t-il assuré.
« On est prêts pour tous les scénarios possibles », a ajouté le premier ministre en ouverture d’une rencontre du Conseil sur les relations canado-américaines.
Le premier ministre a du même souffle réaffirmé que la frontière canado-américaine était sûre et que le commerce entre les deux pays se faisait dans les règles de l’art.
Cette intention exprimée de répliquer à l’imposition des droits de douane américains lui a valu une pique de la porte-parole de la Maison-Blanche.
« Je pense que le président va mettre en œuvre ces tarifs [ce samedi], et il va répondre aux commentaires de M. Trudeau au moment opportun, j’en suis certaine », a déclaré Karoline Leavitt.
Et « il serait sage que Justin Trudeau parle directement au président avant de faire des commentaires farfelus aux médias [au sujet des tarifs] », a-t-elle raillé.
Le bureau du premier ministre n’a pas précisé si celui-ci avait eu un échange avec le chef d’État américain vendredi.
Plans « A, B et C » du Mexique
Du côté du Mexique, la présidente Claudia Sheinbaum a souligné qu’elle discutait avec l’administration Trump et avait « avancé sur différents sujets ».
Mais « nous avons des plans A, B et C » si les États-Unis imposent des droits de douane, a assuré Claudia Sheinbaum en conférence de presse, sans fournir davantage de détails sur les préparatifs.
Avec l’Agence France-Presse