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Le quasi-monopole des Irving sur la presse écrite au N.-B. tire à sa fin

Le quasimonopole des Irving sur la presse écrite au NB tire à sa fin
Postmedia achète l’entreprise de presse d’Irving. Il s'agit d'une transaction majeure.
Des journaux anglophones de l’entreprise de presse Brunswick News empilés un sur l’autre.

L'entreprise de presse Brunswick News a été vendu à une entreprise torontoise (archives).

Photo : (CBC/Gabrielle Fahmy)

Radio-Canada
10 h 50 | Mis à jour à 22 h 48

L'entreprise torontoise Postmedia a annoncé qu'elle achèterait tous les journaux quotidiens et hebdomadaires appartenant à la famille Irving, au Nouveau-Brunswick. Cette transaction a l'effet d'un réel séisme dans le paysage médiatique de la province.

Dans un communiqué publié jeudi, Postmedia précise qu’elle achète le service et le logiciel de distribution de colis de Brunswick News ainsi que les quotidiens et les hebdomadaires.

Brunswick News publie entre autres les journaux suivants : Telegraph-Journal, Times Globe, Times & Transcript, The Daily Gleaner, Miramichi Leader, Woodstock Bugle-Observer, Bathurst Northern Light, Kings County Record, The Campbellton TribuneetThe Victoria Star.

Des exemplaires du journal Times and Transcript, publié à Moncton.

L'entreprise de presse de la famille Irving, Brunswick News, est en train de devenir une propriété de Postmedia (archives).

Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue

Brunswick News possède aussi deux publications francophones : L'étoile et Infoweekend. Postmedia a confirmé à Radio-Canada que ces journaux sont inclus dans la transaction.

Un porte-parole de l'entreprise a affirmé qu'aucune entrevue ne sera accordée pour le moment.

L'acquisition comprend une transaction de 7,5 millions de dollars et des actions de Postmedia d’une valeur de 8,6 millions de dollars.

J. D. Irving, l’entreprise propriétaire de Brunswick News, se retire donc de l’industrie des médias, précise Jim Irving, un haut dirigeant de l’entreprise cité dans le communiqué.

Postmedia est bien placée pour faire la transition vers le monde numérique en fournissant aux Néo-Brunswickois une source fiable de nouvelles locales, régionales et nationales ainsi qu'un accès à une couverture médiatique beaucoup plus large, ajoute Jim Irving.

Quel impact sur les journaux... et leurs discours?

On ignore, pour le moment, ce que l'avenir réserve aux nombreux journaux néo-brunswickois touchés par la transaction. Si le passé est garant de l'avenir, cette transaction pourrait se traduire par des pertes d'emplois et des fermetures.

Postmedia a fait de très nombreuses acquisitions au cours des dernières années. Et ces acquisitions ont souvent été accompagnées de fermetures ou de mises à pied.

Archives : journaux de Postmedia.

Des journaux appartenus par Postmedia.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Par exemple, en 2014, Postmedia a acheté 175 journaux et publications anglophones de la société Québecor pour la somme de 316 millions de dollars. Postmedia a par la suite éliminé des postes et fusionné des salles de nouvelles.

Il faut dire que cette entreprise, comme plusieurs autres dans le milieu, a vu ses revenus chuter au cours des dernières années.

Qu'est-ce que va vouloir conserver Postmedia au Nouveau-Brunswick. Quel est leur intérêt d'avoir des journaux francophones. Alors ça, ça m'inquiète énormément pour les Acadiens du Nouveau-Brunswick. Et est-ce qu'on va vouloir vraiment garder trois quotidiens là-bas dans un marché de 750 000 personnes, se demande Patrick White, professeur à l'École des médias à l'Université du Québec à Montréal.

« On peut s'attendre certainement à une rationalisation de la part de Postmedia. Pour une province si peu peuplée comme la notre, d'avoir trois quotidiens de langue anglaise, c'est beaucoup. On aurait pu s'attendre à une certaine rationalisation, d'avoir un quotidien provincial, et c'est probablement ce qui va arriver. »

— Une citation de  Marie-Linda Lord, professeure au département d'information-communication à l'Université de Moncton

De plus, la professeur Marie-Linda Lord estime que cette transaction aura inévitablement un impact sur l'information offerte aux Néo-Brunswickois.

Postmedia veut montrer qu'ils s'intéressent aux [nouvelles locales], sauf qu'on perd beaucoup de diversité. Au niveau national, au niveau politique, maintenant il y aura un discours centralisé à Toronto, au National Post, explique-t-elle, en précisant que les deux tiers de Postmedia appartiennent à des intérêts américains, près du Parti républicain.

« On va voir un changement dans la couverture au Nouveau-Brunswick, ça c'est évident. Il faut être aux aguets. »

— Une citation de  Marie-Linda Lord, professeure au département d'information-communication à l'Université de Moncton
Pas de changement pour l'Acadie Nouvelle

Le seul quotidien francophone provincial au Nouveau-Brunswick, l'Acadie Nouvelle, est imprimé par Brunswick News, mais n'est pas une propriété de la famille Irving.

Francis Sonier, éditeur-directeur général du seul quotidien indépendant de la province, est catégorique. Il s'agit d'un changement majeur dans le monde des médias au Nouveau-Brunswick, mais pour le moment, cette transaction ne change rien à l'impression du journal francophone.

Francis Sonier.

Francis Sonier est éditeur-directeur général de l'Acadie Nouvelle.

Photo : Gracieuseté

Acadie Nouvelle. C'est le statu quo. On a une entente, effectivement, de services d'impression et de distribution du quotidien six jours par semaine pour le moment et cinq jours en juillet. Nous avons une entente encore en vigueur pour encore au moins six mois","text":"Il n'y a aucun impact aujourd'hui pour l'Acadie Nouvelle. C'est le statu quo. On a une entente, effectivement, de services d'impression et de distribution du quotidien six jours par semaine pour le moment et cinq jours en juillet. Nous avons une entente encore en vigueur pour encore au moins six mois"}}">Il n'y a aucun impact aujourd'hui pour l'Acadie Nouvelle. C'est le statu quo. On a une entente, effectivement, de services d'impression et de distribution du quotidien six jours par semaine pour le moment et cinq jours en juillet. Nous avons une entente encore en vigueur pour encore au moins six mois, indique Francis Sonier.

Forcément, l'Acadie Nouvelle négociera avec de nouvelles personnes lorsque viendra le moment de renouveler le contrat d'impression et de distribution du journal qui compte encore des milliers d'abonnés au format imprimé, précise Francis Sonier.

Une transaction surprenante, selon un analyste

L'auteur et journaliste Jacques Poitras, de Canadian Broadcasting CorporationCBC au Nouveau-Brunswick, s'intéresse à la famille Irving et à ses entreprises depuis longtemps. Il a entre autres écrit l'ouvrage Irving contre Irving (Irving vs Irving), qui aborde le pouvoir et l'influence de la riche famille dans la province.

« La perception était toujours que les Irving étaient prêts à perdre de l'argent avec leurs journaux, si nécessaire, pour les garder. C'était comme si leurs autres entreprises subventionnaient ces journaux-là, peut-être, pour contrôler ou influencer le débat et les décisions. »

— Une citation de  Jacques Poitras, auteur et journaliste

Il y a cependant eu des indices dans les dernières années que la famille commençait à perdre patience en ce qui concerne la situation financière de Brunswick News. L'entreprise de presse de la famille Irving avait par ailleurs annoncé en janvier qu'elle cesserait de publier, le lundi, la version papier de trois de ses journaux anglophones.

Pour Jacques Poitras, cette transaction reste néanmoins surprenante.

millions de dollars. Ce n’est presque rien. Ça me dit [que] c'était une compagnie qui n'avait pas beaucoup de valeur dans le sens financier pour la famille","text":"Évidemment, le contexte de l'industrie de la presse écrite est très difficile ces jours-ci. Tout le monde le sait, mais c'est encore une très grande surprise. Aussi, à noter, ils ont vendu pour 16millions de dollars. Ce n’est presque rien. Ça me dit [que] c'était une compagnie qui n'avait pas beaucoup de valeur dans le sens financier pour la famille"}}">Évidemment, le contexte de l'industrie de la presse écrite est très difficile ces jours-ci. Tout le monde le sait, mais c'est encore une très grande surprise. Aussi, à noter, ils ont vendu pour 16 millions de dollars. Ce n’est presque rien. Ça me dit [que] c'était une compagnie qui n'avait pas beaucoup de valeur dans le sens financier pour la famille, a-t-il souligné en entrevue à l'émission La matinale.

La transaction doit encore être approuvée par la Bourse de Toronto.

Postmedia possède onze médias nationaux, dont le National Post, et près d’une centaine de publications provinciales ou régionales principalement en Alberta et en Ontario.

Avec des informations de Pascal Raiche-Nogue

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