À l’origine de l’“effet yo-yo”, ces cellules qui gardent la mémoire de l’obésité
“Perdre du poids peut être particulièrement frustrant : après des mois à mincir avec succès, les kilos reviennent et on finit par retrouver le même poids qu’avant”, constate The Guardian. Qui blâmer ? Reprendre la même alimentation riche en lipides qu’avant la perte de poids ne peut que faire grossir. Logique. Sauf que ce n’est pas si simple : l’échec ne repose pas entièrement sur la seule personne qui, de toute façon, ne peut pas maintenir une restriction calorique importante sur le long terme.
D’après une étude publiée dansNature, les cellules adipeuses, qui stockent le gras, gardent en mémoire l’obésité, ce qui les rend plus enclines à revenir à cet état. Les bases moléculaires de l’effet yo-yo seraient donc enfin dévoilées.
Le corps lutte contre la perte de poids
Les chercheurs ont découvert que l’obésité est à l’origine de changements majeurs au cœur des cellules adipeuses. Elle entraîne en effet le marquage de leur molécule d’ADN avec des composés chimiques, ce qui active certains gènes et en inhibe d’autres.
Parce qu’elles persistent dans le temps, même après une cure d’amaigrissement, et parce qu’elles “favorisent l’inflammation et perturbent le stockage des graisses et la façon dont elles sont brûlées”, ces modifications épigénétiques “augmentent la probabilité de reprise de poids”, d’après Ferdinand von Meyenn, coauteur de l’étude, cité par New Scientist. L’hebdomadaire britannique rappelle que 85 % des personnes ayant perdu au moins 10 % de leur poids après un régime reprennent les kilos perdus dans l’année.
Interrogé par le journal The Guardian, celui a mené les recherches à la fois auprès de patients obèses et de modèles de souris avec son équipe de l’ETH Zurich, explique :
“La mémoire [moléculaire] semble préparer les cellules à répondre plus rapidement, et de façon inadéquate, aux sucres et aux acides gras.”
Résultat : à régime alimentaire équivalent, les personnes ayant souffert d’obésité par le passé prennent plus de poids que les personnes qui n’ont jamais été obèses. C’est en tout cas ce qu’ont remarqué les chercheurs sur les souris. Décourageant ? Peut-être, en tout cas déstigmatisant.
Peut-on effacer la mémoire de l’obésité ?
Tout n’est pas pour autant perdu pour ceux qui veulent ou ont besoin de maigrir : “maintenir un poids de forme pendant assez longtemps serait peut-être suffisant pour effacer la mémoire moléculaire”, avance la chercheuse Laura Hinte, première autrice de l’étude, auprès du Guardian.
Une hypothèse que partage Ferdinand von Meyenn dans Nature : il existerait peut-être une fenêtre temporelle au cours de laquelle le corps pourrait perdre le souvenir de l’obésité. Reste maintenant à le prouver et à savoir durant combien de temps les efforts doivent être maintenus.