Le Journal de la Bourse du 12 décembre 2024

Voici ce qu'il faut retenir de l'actualité boursière, avec l'analyse des experts de Meilleurtaux Placement.

Les marchés : Jour J pour la BCE

Après une séance en dents de scie, le CAC 40 clôture finalement en légère perte : -0,03% à 7 421 points. L'annonce tant attendue de la BCE qui a abaissé ses taux directeurs de 25 points de base n'a pas déclenché de grand enthousiasme. En réalité, tout était déjà intégré. Les investisseurs n'ont guère réagi face à l'abaissement des prévisions de croissance du PIB de la zone euro à +0,7% pour 2025, la reprise s'annonce plus lente qu'anticipé, d'autant que les taux sont toujours très hauts... Outre-Atlantique, les prises d'initiatives sont également rares ce jeudi. Wall Street ouvre en léger repli, pénalisée par des données économiques peu engageantes. L'indice des prix à la production a surpris à la hausse, affichant une progression de 3% sur un an, contre 2,6% en octobre. Nous vous en parlions hier, l'inflation ressort en hausse à 2,7% sur un an. Ces chiffres, bien qu'attendus, confirment que les pressions inflationnistes persistent, ajoutant une dose d'incertitude à un marché déjà nerveux. Tout le monde a désormais les yeux rivés sur la Fed. À moins d'une surprise majeure, la Banque centrale américaine devrait suivre les pas de la BCE en réduisant ses taux de 25 points de base lors de sa réunion des 17 et 18 décembre. Ce scénario, anticipé par plus de 90% des investisseurs selon le CME Group, est déjà bien intégré dans les cours. Mais une chose est certaine, dans un contexte économique tendu, toute divergence de discours de Jerome Powell pourrait bousculer l'équilibre fragile des marchés.

Les valeurs : Biomérieux, Sopra Steria et DBV Technologies

BioMérieux L'action figure parmi les plus fortes hausses du SBF 120 ce mercredi, en hausse de 2,30% à 102,20€. Ce rebond est soutenu par une analyse optimiste de RBC, qui a initié une couverture du titre avec une recommandation à « surperformance » et un objectif de cours de 130 euros, laissant entrevoir un potentiel de hausse de plus de 25%. La banque canadienne salue le solide positionnement de la société lyonnaise sur le marché du diagnostic in vitro, où elle domine l'analyse microbiologique avec près de 40% de part de marché dans un secteur évalué à 3 milliards d'euros. Selon RBC, le lancement de nouveaux dispositifs pourrait encore renforcer cette dynamique. BioMérieux, qui table sur une croissance annuelle de 8% jusqu'en 2028, pourrait même dépasser ces prévisions, tout en maintenant une marge opérationnelle ambitieuse de 20% d'ici 2027. Des arguments qui semblent convaincre les investisseurs, dopant la confiance dans la valeur. Le titre gagne 2% cette année.

Sopra Steria Après Safran la semaine dernière, c'est au tour de Sopra Steria de subir la sanction des marchés. L'entreprise de services numériques a dévoilé ses objectifs pour 2028 lors de sa journée investisseurs. Mais, malgré des ambitions affichées en matière de croissance externe et d'innovation technologique, les annonces ont été jugées trop prudentes, entraînant une chute de 9,89% du titre à la Bourse de Paris, à 166,70€, la plus forte baisse du SBF 120. Sopra Steria vise un chiffre d'affaires de plus de 7 milliards d'euros en 2028, contre 5,8 milliards attendus en 2024, soutenu par une croissance annuelle de 6% combinant acquisitions et progression organique. Le groupe prévoit également une amélioration de sa marge opérationnelle à 10-11%, contre 9,7% cette année, et une montée en puissance des technologies de nouvelle génération, censées représenter 60% de ses revenus d'ici 2028. Cependant, les analystes déplorent un manque de visibilité pour 2025. Le marché, en quête de signaux plus forts, fait payer à Sopra Steria son manque de surprise. Depuis le début de l'année, l'action perd 15%.

DBV Technologies DBV Technologies, éligible au PEA-PME, bondit de 7,59% à 0,70€ ce jeudi, grâce à l'autorité sanitaire américaine, la FDA. La société a en effet obtenu un accord pour accélérer l'approbation de son patch Viaskin Peanut, destiné à traiter l'allergie à l'arachide chez les très jeunes enfants. Une annonce qui redonne de l'espoir à une entreprise en quête de reconnaissance commerciale. Le chemin est désormais tracé : une nouvelle étude impliquant 360 enfants permettra de garantir la sécurité et l'efficacité du patch. DBV prévoit de demander l'autorisation de mise sur le marché aux États-Unis d'ici fin 2026, en vue de sa commercialisation. Avec cet accord, la société réduit les incertitudes et rassure les investisseurs. Malgré une forte baisse depuis 2017, où sa valeur atteignait près de 2 milliards d'euros, DBV prouve qu'il reste un acteur à suivre dans le domaine des traitements contre les allergies. Depuis le début de l'année, son titre cède plus de 60%. Rebond à suivre ?

Demain à la Une : Les niveaux à suivre

Au programme de ce vendredi, l'inflation française de novembre. Tous prix confondus, le marché table sur un léger rebond à 1,3% sur un an, contre 1,2% en octobre. La croissance britannique et la production industrielle de la zone euro seront également au menu de cette dernière séance de la semaine. D'un point de vue technique, les objectifs des acheteurs sont fixés sur les 7 440 et 7 500 points sur le CAC, à court terme. Ceux des vendeurs sur les 7 385 et 7 320 points.

Le monde d'après : Connaissez-vous Brunello Cucinelli ?

Si le secteur du luxe traverse une année 2024 marquée par des vents contraires, notamment en Chine, certaines marques démontrent une résilience impressionnante. Hermès, avec une hausse de 19% en Bourse sur l'année, et Brunello Cucinelli, spécialiste italien du cachemire, tirent leur épingle du jeu. Ce dernier, en particulier, a relevé ses prévisions de croissance pour 2024 à 11-12%, contre 10% auparavant, propulsant son action de 8% à Milan et soutenant l'ensemble du secteur européen. Ce dynamisme repose sur des designs sobres en phase avec la tendance du « quiet luxury » et sur une accélération visible de sa croissance en Asie, en particulier en Chine où l'entreprise reste encore sous-représentée. Brunello Cucinelli illustre l'une des stratégies gagnantes du luxe : combiner un positionnement défensif avec des opportunités de croissance dans des marchés stratégiques. Le bureau d'analyse Oddo BHF souligne une amélioration en Chine au quatrième trimestre, portée par une marque de plus en plus attrayante. À moyen terme, la société anticipe une croissance annuelle stable à 10% jusqu'en 2026, renforçant son statut dans le secteur.

Un fonds ISR

Un fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) est un fonds d'investissement qui intègre des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (dits “ESG”) dans ses choix de placement, en plus des critères financiers classiques. Son objectif est de générer une performance financière tout en soutenant des entreprises responsables selon ces critères, ayant un impact positif sur la société et l'environnement. Les fonds ISR permettent ainsi aux investisseurs de concilier rentabilité et valeurs éthiques dans leurs investissements.