L'artiste Madeleine Arbour, l'une des signatrices du «Refus global», s'est éteinte
Sa fille, l'artiste Annick Gauvreau, l'a confirmé mercredi matin sur les réseaux sociaux avec le message: «Repose en paix Maman».
L'esthétique a toujours été au coeur de la vie de Madeleine Arbour, dont les réalisations sont trop nombreuses pour les énumérer toutes.
On lui doit notamment le réaménagement des voitures des services transcontinentaux de Via Rail Canada ainsi que des salons des gares de Montréal, d'Ottawa et de Toronto, les aires publiques de la résidence du gouverneur général du Canada et de la salle Saint-Laurent de la Citadelle de Québec, l'aménagement des bureaux de la Direction des affaires publiques de la Brasserie Molson du Québec et l'atelier du peintre Jean-Paul Riopelle.
Au milieu du siècle, elle fait partie des signataire du «Refus global» et elle côtoie les Jean-Paul Riopelle, Pierre Gauvreau, Paul-Émile Borduas et autres Marcelle Ferron.
Au théâtre, on lui doit de nombreux décors et costumes pour le Théâtre du Rideau Vert et la Compagnie Jean-Duceppe, tandis qu'en télévision, elle a notamment travaillé à la conception des décors de la populaire émission «La boîte à surprises».
«Je me rappelle surtout l'extraordinaire découverte que fut pour moi la caméra», avait-elle confié, en 2000, au quotidien Le Soleil, au sujet de ses débuts dans le monde de la télé. «En construisant la maison de Fanfreluche, par exemple, ce qui me passionnait, c'était de me servir de la caméra pour créer la magie. Avec la caméra, j'avais l'impression d'expérimenter un nouvel accessoire de bricolage!»
Pendant de nombreuses années, elle a aussi livré des conseils aux femmes à l'émission «Femmes d'aujourd'hui», à Radio-Canada.
Elle a également été professeure à l'Institut des arts appliqués de Montréal et au Collège du Vieux-Montréal.
En 1984, elle a reçu une mention spéciale du Conseil national du design pour son apport à l'exercice et à l'essor du design au Canada. En 1999, elle est devenue Chevalier de l'Ordre national du Québec pour l'ensemble de son oeuvre.
«Par son travail, Madeleine Arbour a su communiquer à toute une génération le goût de l'esthétique et rendre accessible et populaire le design tel que nous le connaissons aujourd'hui», peut-on lire à son sujet sur le site de l'Ordre national du Québec.
En 2000, le Musée national des beaux-arts du Québec lui a consacré une exposition.
Sa capacité de voir le beau et de s'émerveiller l'auront par ailleurs suivie jusqu'à la fin de sa vie, la poussant à confier à des étudiants de l'Université Laval venus assister à une conférence, en 2009: «J’ai une belle vie. À mon âge, je me lève le matin toujours aussi émerveillée.»
En 2018, le Cégep du Vieux-Montréal, où elle a travaillé, a nommé une salle en son nom et lui a décerné un doctorat honorifique.
«Ça me touche énormément, parce que je croyais beaucoup ce en quoi je faisais», avait-elle affirmé en entrevue à Radio-Canada pour cette occasion.
«J'ai été très, très chanceuse.»