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La peintre Madeleine Arbour est décédée à l’âge de 101 ans

La peintre Madeleine Arbour est décédée à lâge de 101 ans
Pionnière du design au Québec, artiste multidisciplinaire, elle était une des cosignataires du manifeste «Refus Global».

La pionnière du design au Québec, artiste multidisciplinaire et cosignataire du manifeste Refus Global en 1948 Madeleine Arbour n’est plus. Sa famille a fait l’annonce de son décès, survenu mardi soir. L’artiste était âgée de 101 ans.

Son parcours atypique est à l’image de ses trouvailles fantaisistes. Autodidacte, elle avait quitté l’école à 15 ans. Elle se passionnait pour tout. Faut-il s’étonner qu’elle se soit retrouvée au milieu d’une bande de jeunes gens, autant de femmes que d’hommes, cristallisée par le magnétisme de Paul-Émile Borduas ?

Le temps de Duplessis auquel s’objectent les Automatistes de Borduas était aussi celui où, pour la première fois, la menace de la bombe atomique régnait en force. L’être humain s’était bel et bien donné les moyens de détruire le monde, expliquait le professeur Gilles Lapointe, spécialiste du mouvement automatiste. « Les signataires du manifeste en appellent à renverser ce monde… Ils parlent de générosité, d’amour, de respect de la nature, mais aussi de la question politique et religieuse. »

En 1948, c’est à Madeleine Arbour que le poète Paul-Marie Lapointe, venu du Lac-Saint-Jean, montre le manuscrit du Vierge incendié. Autre coup de tonnerre dans le ciel culturel, ce livre fut le deuxième ouvrage publié de l’univers des Automatistes, après le manifeste Refus global. « Il serrait sur son cœur un manuscrit », expliqua Madeleine Arbour au Devoir. « Le texte était dactylographié. Il y avait des annotations, en vert et en rouge. C’était Le Vierge incendié. Il voulait me le montrer. Il était venu pour ça. » Pourquoi elle ? « Il m’a dit qu’il avait lu le manifeste du Refus global. Il a lu les noms des signataires et les a cherchés dans l’annuaire téléphonique. Il a cherché Arbour. Et c’est sur moi qu’il est finalement tombé en premier. »

Elle fut la compagne de Pierre Gauvreau, signataire aussi, comme son frère Claude, du Refus global. Pour ce dernier, elle réalisa des costumes de scène.

Pour Madeleine Arbour, l’art était un aliment fondamental dont toute la société ne saurait être privée. Dans les débuts de la télévision de Radio-Canada, elle anima, à l’enseigne de La Boîte à Surprise, des chroniques de bricolage destinées aux enfants.

Le club des voleurs de coqs

Dans les années 1950, avec Jean-Paul Riopelle et sa bande, Madeleine Arbour se prend à voler des coqs de croix de chemin. C’est Riopelle lui-même qui avait lancé ce qui leur semblait un jeu. Lors de ses fréquents séjours au Québec, Riopelle se transformait en chasseur de coqs. « Il est venu me visiter alors que j’étais triste », raconta Madeleine Arbour. « Pour me consoler, il m’a offert “tout ce que je voulais”. Eh bien, ce que je voulais, c’était le coq de la croix de chemin de Saint-Hilaire. »

Un club des voleurs de coq, dont Madeleine Arbour était membre, exista durant des années. Les voleurs s’étaient d’abord emparés du coq de la croix de chemin de Saint-Hilaire. Ils ont ensuite « enlevé » plusieurs emblèmes (« plus de dix », disait Arbour), des coqs de clocher aux girouettes de grange, avec l’idée de les remettre un jour à un musée québécois.

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La designer

Mère à une époque où cela vous clouait d’ordinaire à la maison, elle valsait autour d’engagements multiples, sa vie s’égrenant entre Montréal, New York et Paris.

Au milieu des années 1960, elle fonde dans le Vieux-Montréal, rue Saint-Paul, un atelier de designers féminines. Elle en avait assez, expliqua-t-elle, de voir que les employeurs mettent de côté les femmes. Entre 1986 et 1994, la designer obtient la tâche de réaménager l’intérieur des avions d’Air Canada aussi bien que des trains de Via Rail.

Elle repense aussi les salles de réception de la résidence officielle du gouverneur général du Canada à la Citadelle de Québec en y installant, en 1986, un lustre de sa conception baptisé Rivière de lumière.

Le prix Sam-Lapointe, lequel célèbre la carrière exceptionnelle d’un designer québécois, a été remis à Madeleine Arbour en 2002.

Hommages

Odile Tremblay, journaliste du Devoir, lui avait rendu hommage pour son centenaire. Elle écrivait alors : « Madeleine Arbour a connu la pauvreté, l’abandon paternel, mais jamais l’inculture. » Elle note à raison que l’artiste « avait du caractère et croyait en son étoile ».

Pressé de réagir, le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Mathieu Lacombe, a déclaré que « c’est sûr que c’est une triste nouvelle ». Il ajoute que « c’est quelqu’un qui a marqué le Québec de par son engagement. Je pense notamment à un Refus global. C’est un événement que j’ai déjà désigné comme étant un événement historique du Québec. Donc évidemment, je veux dire que tous ceux qui y ont contribué sont des personnages importants. »

Madeleine Arbour s’est éteinte « sereinement et paisiblement » au soir du 10 décembre au Centre Laurent-Bergevin à L'Île-Perrot, selon son fils Martin Gauvreau. Aucune cérémonie n’a encore été annoncée.

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