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Une chaire sur la maladie de Lyme lancée à l'Université de Sherbrooke

Une chaire sur la maladie de Lyme lancée à lUniversité de Sherbrooke
Avec les changements climatiques, les tiques à pattes noires migreront au nord, transportant de nouvelles infections.

Les cas de maladie de Lyme se multiplient au Québec depuis une quinzaine d’années. Et ce n’est que « la pointe de l’iceberg », selon le microbiologiste-infectiologue Alex Carignan. Avec les changements climatiques, les tiques à pattes noires migreront davantage vers le nord et transporteront avec elles d’autres infections qu’il faudra soigner. « Malheureusement, face à la maladie de Lyme, on a été un peu en réaction, affirme le Dr Carignan. On doit être plus proactif pour tout ce qui s’en vient. »

Le Dr Carignan dirige la nouvelle Chaire de recherche sur la maladie de Lyme et les infections émergentes de l’Université de Sherbrooke. Lancée mardi, cette chaire vise à faire avancer les connaissances, à informer le public et à améliorer le savoir des professionnels de la santé (médecins, infirmières praticiennes spécialisées et pharmaciens) à ce sujet.

Selon le Dr Carignan, « plusieurs médecins » ont encore des « connaissances limitées » au sujet de la maladie de Lyme, qui se manifeste d’abord par une rougeur, peut provoquer de la fièvre, de la fatigue ainsi que des douleurs musculaires. « C’est tout récent qu’on parle spécifiquement de cette maladie [aux étudiants] dans les facultés de médecine », dit-il.

L’Université de Sherbrooke a été la « première » au Québec à inclure un « volet spécifique » sur la maladie de Lyme en septembre 2017, précise le professeur-chercheur.

L’Estrie est la région la plus touchée par la maladie de Lyme au Québec : environ 60 % des infections déclarées dans la province y sont recensées — 320 sur 527 en 2022. L’anaplasmose, une infection transmise par les tiques et qui entraîne des symptômes semblables à la grippe, a aussi fait son apparition sur le territoire estrien en 2021. Une éclosion y a alors eu lieu, « la plus grande jamais observée au Canada », souligne le Dr Carignan.

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Autant de « situations malheureuses » dont il faut « tirer avantage », d’après le médecin. La Chaire — financée par les fondations du Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke et de l’Université de Sherbrooke — vise notamment à « mieux cibler les besoins de formation des professionnels de la santé » afin que ceux-ci dépistent rapidement la maladie.

« On veut quantifier le niveau de base des professionnels de la santé sur la maladie, indique le Dr Carignan. Quels sont les éléments sur lesquels on doit miser pour faire des activités de formation, qu’est-ce qu’on devrait bonifier, quelle portion de la maladie est moins bien connue. »

Une cohorte de patients

L’équipe de la Chaire suivra une cohorte de patients qui viendront d’être piqués par une tique, afin de voir s’ils développeront ou non une infection. Une trentaine de personnes seront recrutées dans un premier temps, puis « plusieurs centaines sur plusieurs sites » dans les années à venir, espère le Dr Carignan. « On va pouvoir mieux comprendre, au niveau du système immunitaire, les phénomènes qui mènent à l’infection ou à une protection contre l’infection. »

Les chercheurs se pencheront aussi sur la prophylaxie post-exposition, soit la prise d’antibiotiques de façon préventive offerte dans un délai de 72 heures à ceux dont la tique est demeurée attachée à leur peau 24 heures ou plus. « Les données scientifiques qui soutiennent l’efficacité de cette méthode-là sont quand même limitées, précise le Dr Carignan. C’est une des premières choses à laquelle on veut s’attaquer. On veut voir si le traitement préventif qu’on utilise est réellement efficace. »

Des vaccins en développement contre la maladie de Lyme seront aussi évalués. Il n’en existe pas actuellement. « On a un vaccin pour les chiens contre la maladie de Lyme, donc souvent, on a l’impression que nos animaux de compagnie sont mieux protégés et en quelque sorte, c’est vrai, observe le Dr Carignan. Si on pouvait avoir un vaccin efficace et sécuritaire [pour les humains], c’est très clair que ça va être un grand pas pour freiner la propagation de cette infection. »

Car l’augmentation de la transmission de la maladie de Lyme ne tient pas qu’au réchauffement du climat. Plusieurs autres facteurs peuvent jouer un rôle, comme la déforestation. « [En Estrie], la diminution de certains prédateurs comme le coyote a amené une surpopulation de souris qui amènent avec elles davantage de cas de maladie de Lyme », cite en exemple le Dr Carignan.

La population ne doit toutefois pas s’inquiéter, selon lui. « Dans mon travail comme microbiologiste-infectiologue, on voit souvent une grande détresse [chez les personnes atteintes de la maladie de Lyme], constate-t-il. Les gens ont l’impression pratiquement d’être condamnés, alors que ce n’est pas du tout le cas. Lorsque c’est pris très rapidement, ce qui est généralement le cas, les séquelles de cette maladie sont très très rares. »

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