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Frappes israéliennes en Iran Téhéran assure avoir « le devoir de ...

Frappes israéliennes en Iran Téhéran assure avoir  le devoir de
L’Iran a affirmé samedi son droit à se défendre après des frappes contre ses sites militaires menées par Israël, dernier épisode en date des hostilités entre les deux pays ennemis qui accentue les craintes d’une escalade militaire au Moyen-Or

(Téhéran) L’Iran a affirmé samedi son droit à se défendre après des frappes contre ses sites militaires menées par Israël, dernier épisode en date des hostilités entre les deux pays ennemis qui accentue les craintes d’une escalade militaire au Moyen-Orient.

Publié à 7h53Mis à jour à 12h43
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Ramin KHANIZADEH Agence France-Presse

Ce qu’il faut savoir

Pour la première fois, Israël a annoncé publiquement avoir attaqué l’Iran en lançant samedi avant l’aube des frappes aériennes contre des installations de fabrication de missiles dans ce pays. L’Iran a fait état de « dégâts limités » et de quatre militaires tués.

Israël a ensuite menacé l’Iran de lui faire « payer un prix élevé » s’il ripostait, alors que la communauté internationale a appelé à la retenue face au risque d’embrasement.

« J’espère que c’est la fin », a déclaré le président américain Joe Biden, dont le pays est un proche allié d’Israël et son principal fournisseur d’armes.

Les raids israéliens sont une riposte à une attaque aux missiles de l’Iran contre le territoire israélien le 1er octobre, un engrenage de violences lié aux guerres menées par Israël contre deux mouvements islamistes soutenus militairement par l’Iran : le Hamas palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban.

La guerre a Gaza a été déclenchée par une attaque meurtrière lancée le 7 octobre 2023 par le Hamas contre Israël depuis la bande de Gaza voisine. En soutien au Hamas, le Hezbollah libanais a ouvert le 8 octobre 2023 un front contre Israël en tirant des roquettes sur le nord d’Israël, frontalier du sud du Liban, les hostilités se transformant en guerre ouverte mi-septembre.

PHOTO YASSER AL-ZAYYAT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi

« L’Iran a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers, sur la base du droit inhérent de légitime défense […] », a affirmé la diplomatie iranienne.

La détermination de l’Iran à se défendre « n’a pas de limites », a prévenu son chef de la diplomatie Abbas Araghchi.

« Dégâts limités »

Selon l’armée iranienne, « des sites militaires dans les provinces de Téhéran, du Khouzestan (sud-ouest) et d’Ilam (ouest) » ont été ciblés par Israël.

« Grâce à notre défense aérienne, les attaques ont causé des dégâts limités et seuls certains systèmes radar ont été endommagés », a annoncé l’état-major des forces armées. « Un nombre important de missiles ont été interceptés, et les avions ennemis ont été empêchés d’entrer dans notre espace aérien. »

PHOTO MAJID ASGARIPOUR, WANA FOURNIE PAR REUTERS

Une vue sur Téhéran après plusieurs explosions dans la capitale iranienne, le 26 octobre 2024.

En Israël, l’armée a dit avoir « frappé des sites de fabrication de missiles […] que l’Iran tire sur l’État d’Israël depuis un an », ainsi que « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens […] ».

« Le régime iranien et ses relais dans la région ont attaqué sans relâche Israël depuis le 7 octobre (2023) sur plusieurs fronts […] », a-t-elle ajouté, en allusion au Hamas, au Hezbollah et aux rebelles yéménites houthis.

Avec ces frappes, l’armée israélienne a dit avoir « achevé la réponse aux attaques de l’Iran ».

Le 1er octobre, l’Iran a tiré quelque 200 missiles sur Israël pour venger selon lui la mort, le 27 septembre, du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah et d’un général iranien, tués dans des frappes israéliennes près de Beyrouth, et celle le 31 juillet à Téhéran du chef du Hamas Ismaïl Haniyeh, tué dans une attaque imputée à Israël.

« Coup politique »

CAPTURE D’ÉCRAN ARMÉE ISRAÉLIENNE/ASSOCIATED PRESS

Un chasseur F-16 de l’armée israélienne utilisé lors de l’opération.

Le 13 avril, l’Iran a lancé des missiles et des drones contre Israël, la première attaque directe du genre, en riposte à une frappe attribuée à Israël qui a détruit le consulat iranien à Damas. Selon des médias américains, l’armée israélienne a riposté le 19 avril avec des frappes sur le centre de l’Iran, une attaque non confirmée par Israël.

Malgré les inquiétudes, la vie a continué son cours normal à Téhéran et Tel-Aviv.   

« Je ne pense pas qu’il y aura la guerre en Iran », a affirmé Sepideh, 30 ans, en se rendant à son travail à Téhéran.

« On est inquiets, mais pas plus que ça », a réagi Yaniv Chen, 42 ans, sur une plage de Tel-Aviv.

Selon des experts, l’objectif de l’attaque était de démontrer les capacités offensives israéliennes tout en évitant l’escalade.

Selon Joost Hiltermann, le directeur du programme Moyen-Orient de l’International Crisis Group, les États-Unis ont voulu que ces représailles soient « proportionnées, afin que l’Iran n’ait pas besoin de répondre ».

De même, Hasni Abidi, directeur du Centre d’études et de recherche sur le monde arabe et méditerranéen (Cermam), estime que sous la pression des États-Unis, Israël a mené une opération « limitée » pour réduire les risques d’une « explosion ». Israël a « réalisé un coup médiatique et politique et non militaire ».

Saluant les frappes israéliennes, le président israélien Isaac Herzog a « remercié » les États-Unis « pour être un vrai allié et pour la coopération publique et secrète » entre les deux pays.

Négociations attendues à Doha

Sur le front libanais, l’armée israélienne a fait état de « 80 projectiles » tirés par le Hezbollah depuis le Liban.

Elle a aussi mené de nouvelles frappes dans le sud du Liban, où ses troupes poursuivent une offensive terrestre depuis le 30 septembre avec l’objectif de neutraliser les combattants du mouvement libanais et faire cesser les tirs de roquettes.

Après un an d’une offensive dévastatrice et meurtrière dans la bande de Gaza où elle a affaibli le Hamas, l’armée israélienne a concentré ses opérations au Liban en y menant des frappes intenses et meurtrières principalement sur les fiefs du Hezbollah à partir du 23 septembre.

Sur le front de Gaza, l’armée israélienne poursuit son offensive aérienne et terrestre dans le territoire palestinien ravagé et en proie à un désastre humanitaire.

De nouvelles négociations sont attendues dimanche à Doha entre Israéliens, Américains et Qatariotes pour évoquer la possibilité d’une trêve à Gaza associée à une libération d’otages enlevés le 7 octobre 2023 et emmenés dans le territoire palestinien.

Les réactions internationales

Des frappes aériennes israéliennes contre des sites de fabrication de missiles en Iran ont suscité samedi de nombreuses condamnations de la part de pays de la région et au-delà, ainsi que des appels à la retenue face aux craintes « d’escalade ». Voici les principales réactions.

Iran

Téhéran a condamné les frappes sur son territoire en affirmant que l’Iran avait « le droit et le devoir de se défendre ».

« L’Iran considère qu’il a le droit et le devoir de se défendre contre les actes d’agression étrangers, sur la base du droit inhérent de légitime défense qui figure à l’article 51 de la Charte des Nations unies », selon un communiqué de la diplomatie iranienne.

Russie

Moscou s’est inquiétée d’une « escalade explosive en cours entre Israël et la République islamique, qui fait peser de réelles menaces sur la stabilité et la sécurité de la région ».

« Nous demandons à toutes les parties concernées de faire preuve de retenue », a ajouté dans un communiqué la porte-parole du ministère des Affaires étrangères Maria Zakharova.

Union européenne

« Le cycle dangereux d’attaques et de représailles risque de provoquer une nouvelle extension du conflit régional », a mis en garde l’UE dans un communiqué.

« Tout en reconnaissant le droit d’Israël à l’autodéfense, l’UE appelle toutes les parties à faire preuve de la plus grande retenue pour éviter une escalade incontrôlable », selon le texte.

Turquie

La diplomatie turque a appelé à « mettre fin à la terreur créée par Israël dans la région » et « condamné » les frappes israéliennes.

« Nous condamnons avec la plus grande fermeté l’attaque israélienne contre l’Iran. En commettant un génocide à Gaza, en se préparant à annexer la Cisjordanie et en tuant des civils chaque jour au Liban, Israël a amené notre région au bord d’une plus grande guerre », selon Ankara.

Arabie saoudite

Riyad a condamné les frappes israéliennes en Iran, mettant en garde contre toute extension du conflit dans la région, où Israël est en guerre contre le Hamas palestinien à Gaza et le Hezbollah au Liban.

« Le Royaume d’Arabie saoudite condamne » les frappes israéliennes en Iran et réitère sa « position ferme de rejet de l’escalade du conflit dans la région », qui « menace la sécurité et la stabilité des pays et des peuples » au Moyen-Orient, a indiqué le ministère des Affaires étrangères sur X.

Pakistan

Le Pakistan a également « condamné » les frappes israéliennes, faisant porter « l’entière responsabilité de l’escalade et de l’extension du conflit » à Israël, qu’il ne reconnaît pas.

Le Pakistan, grand allié régional des États-Unis, partage une longue frontière avec l’Iran.

Le premier ministre pakistanais Shehbaz Sharif s’est dit sur X « très inquiet de l’agression israélienne contre l’Iran ».

Irak

Le gouvernement irakien a mis en garde contre les « conséquences dangereuses » résultant du « silence de la communauté internationale » face au « comportement brutal » d’Israël.

Le porte-parole du gouvernement, Basim Alawadi, a accusé Israël de poursuivre « l’expansion du conflit dans la région » avec des « attaques perpétrées dans l’impunité ».

Syrie

Exprimant sa « solidarité » avec Téhéran, la Syrie a soutenu « le droit légitime de l’Iran à se défendre » contre « l’agression israélienne » qu’elle a condamnée.

Jordanie

La Jordanie a également « condamné » les frappes isréliennes. Le royaume a fait part de son « rejet absolu de l’escalade dangereuse dans la région et des violations du droit international ».

Afghanistan

Les talibans ont dénoncé « une tentative d’aggraver la violence dans la région qui complique » encore la situation.

Royaume-Uni

Le premier ministre britannique Keir Starmer a déclaré que l’Iran ne devait « pas répondre » aux frappes israéliennes.

« Il est clair qu’Israël a le droit de se défendre contre l’agression iranienne, et il est tout aussi clair que nous devons éviter une nouvelle escalade régionale, et j’exhorte toutes les parties à faire preuve de retenue », a-t-il indiqué.

France

La France a appelé les parties en présence « à s’abstenir de toutes escalade et action susceptibles d’aggraver le contexte d’extrême tension » au Moyen-Orient, selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Allemagne

Le chancelier allemand Olaf Scholz a aussi mis en garde samedi Téhéran contre toute « escalade ». « Cela doit cesser maintenant. C’est alors que s’ouvrira la possibilité d’une évolution pacifique au Proche-Orient », a dit M. Scholz sur X.

Venezuela

Le Venezuela « rejette et condamne les attaques perpétrées par le régime sioniste de Netanyahou […] qui constituent un nouvel acte d’agression injustifié », selon un communiqué du ministère des Affaires étrangères, dénonçant les « actions terroristes et génocidaires contre la Palestine et le Liban » d’Israël.

Algérie

L’Algérie a exprimé « sa solidarité avec ses frères d’Iran après cette agression odieuse » menée « par l’armée d’occupation israélienne », laquelle a plongé la région « dans un cycle sans fin d’insécurité, d’instabilité et d’absence de paix ».

Tunisie

La Tunisie a mis en garde « contre les graves conséquences des attaques menées par l’entité sioniste […] dans une tentative effrénée de déclencher une guerre régionale dévastatrice ».

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