Cette fusion de Nissan et Honda pour contrer l'offensive électrique chinoise
Dans un contexte d'électrification au niveau mondial et face à l'ascension de la Chine, les constructeurs japonais Nissan, Honda et Mitsubishi envisagent de former une première méga-fusion à caractère défensif. Leur objectif est évident : se doter des moyens nécessaires pour rivaliser à armes égales sur le marché des véhicules électriques.
Selon le média japonais Nikkei, les géants de l'automobile Honda Motor et Nissan Motor s’apprêtent à entamer des discussions en vue d’une fusion. Cette initiative vise à renforcer leur capacité à concurrencer Tesla et d’autres acteurs majeurs du marché des véhicules électriques. Les deux constructeurs envisagent de regrouper leurs activités sous l’égide d’une société holding unique et devraient prochainement signer un protocole d’accord pour formaliser la création de cette nouvelle entité.
Un groupe mondial à 10 millions d'unités si fragile
La nouvelle entité pèserait près de dix millions de véhicules vendus dans le monde. Certes, le groupe issu de cette mégafusion serait puissant sur le papier mais terriblement fragile sur le plan de la transition vers l'électrique et des nouvelles technologies.
Une fusion défensive des Japonais : premier effet Darwin
Cette méga-fusion s’inscrit dans un contexte défensif, face à la montée en puissance des constructeurs chinois, dont la croissance rapide menace les acteurs traditionnels sur le marché mondial, et en particulier sur le marché intérieur chinois, où les Japonais perdent progressivement du terrain. Honda et Nissan envisagent d’intégrer Mitsubishi Motors, dont Nissan est le principal actionnaire, au sein de la future holding, pour créer l'un des plus grands groupes automobiles au monde.
Pour rappel, la Chine est devenue en 2023 le premier exportateur mondial de véhicules, surpassant le Japon, grâce à sa position dominante sur le marché des voitures électriques. Face à cette concurrence accrue, Honda a annoncé en mai son intention de doubler ses investissements dans le secteur, pour atteindre 65 milliards de dollars d'ici à 2030, avec l’ambition de proposer une gamme entièrement électrique d’ici à 2040. De son côté, Nissan a affiché des objectifs similaires : en mars, le constructeur a annoncé que 16 des 30 nouveaux modèles qu’il prévoit de lancer au cours des trois prochaines années seraient électrifiés.
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La stratégie hybride ne suffit plus
En matière de véhicules électriques, les constructeurs japonais ont longtemps privilégié la technologie hybride, qui combine motorisation thermique et électrique, et qui représentait plus de 40 % des ventes au Japon en 2022. Cette stratégie, efficace à court terme, ne leur permet pas de répondre à la transition vers le full électrique. En se concentrant sur les hybrides, les constructeurs japonais ont négligé le développement des voitures entièrement électriques, un segment désormais incontournable pour rester compétitifs à l’échelle internationale.
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Nissan doit réduire ses coûts pour survivre...
Afin de retrouver une meilleure santé financière – et industrielle – Nissan Motor Corporation doit réduire ses coûts d'environ 2,6 milliards de dollars [soit 2,4 milliards d'euros, ndlr] au cours de l'exercice annuel, qui sera soldé fin mars.
Pour y parvenir le constructeur japonais a donc décidé – comme le groupe automobile allemand Volkswagen confronté à une situation similaire – d'engager un vaste plan de licenciements. Environ 9 000 emplois sont concernés. La réduction d'environ 20 % de sa production mondiale devrait également être amorcée en parallèle.