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Un «tsar du fentanyl», un choix de mot délibéré de la part d'Ottawa

Un tsar du fentanyl un choix de mot délibéré de la part dOttawa
Le terme est chéri par le président Trump, mais il ne s’agira pas du titre exact du poste créé lundi.

Le gouvernement du Canada nommera sous peu un « tsar du fentanyl », une curieuse appellation choisie expressément pour que le président américain Donald Trump remarque, dans son langage, les efforts de lutte contre cette drogue.

« Nous allons nommer notre premier “tsar du fentanyl”. Nous avons choisi ce mot soigneusement : “tsar” du fentanyl », a répété le ministre de la Sécurité publique du Canada, David McGuinty, dans un discours livré mardi devant des agents frontaliers du Manitoba.

Le ministre nommé par Justin Trudeau en décembre n’a pas donné beaucoup d’indices quant à la description de tâche du futur tsar, hormis le fait qu’il doit être l’interlocuteur principal avec les autorités américaines. Cette personne sera aussi responsable d’assurer une meilleure coopération dans les efforts de lutte contre le fentanyl, un puissant analgésique synthétique. « Le fentanyl est une drogue extraordinairement dangereuse [dont] une toute petite dose est extrêmement létale », a rappelé le ministre McGuinty.

Le premier ministre Justin Trudeau a causé un certain étonnement, voire une incompréhension, en annonçant lundi la création d’un poste de « tsar responsable de la question du fentanyl » à la suite d’un coup de fil du président américain Donald Trump.

Cet appel a aussi mis sur pause pour 30 jours les tarifs sur les importations canadiennes que devait imposer le gouvernement Trump le lendemain. Le nouveau président américain se plaignait régulièrement de l’entrée aux États-Unis de fentanyl et d’immigrants clandestins depuis le Canada, même si les données dressent un tout autre portrait.

Un « tsar » pour Trump

« Tsar » est le titre porté par les empereurs de Russie et les souverains serbes et bulgares, selon la seule définition consignée dans Le Petit Robert. Mais quand le premier ministre Trudeau utilise ce mot, il n’est pas principalement destiné au public québécois ou canadien, explique la professeure Chantal Gagnon, du Département de linguistique et de traduction de l’Université de Montréal.

« C’est une traduction d’une métaphore qui est utilisée par le président Trump. Quand on répète cette métaphore-là en anglais, elle s’adresse à Donald Trump », analyse la spécialiste des traductions de discours politiques.

Elle se met à la place des traducteurs du message du premier ministre, qui ont voulu rester fidèles à l’expression choisie par M. Trudeau en anglais, « czar », pour parler d’un grand responsable d’un dossier. Il est d’ailleurs possible que l’expression « tsar » passe dans l’usage en français pour la suite des choses, étant donné l’attention médiatique accordée à l’annonce d’un « tsar du fentanyl ». « S’il y a des politiciens qui en discutent, si c’est repris dans les journaux, c’est sûr que ce mot-là pourrait avoir une vie discursive. »

Le ministre des Services publics et de l’Approvisionnement, Jean-Yves Duclos, a d’ailleurs confirmé que l’expression tire son origine du vocabulaire utilisé par le président Trump, qui adore ce mot. Il a par exemple déjà nommé un « tsar des frontières », Tom Homan, ou encore un « tsar de la crypto », David Sacks.

Le ministre Duclos précise aussi que « tsar du fentanyl » ne sera pas le libellé exact du poste affiché. « Non, on ne va pas le nommer “tsar” », a-t-il répondu mardi à l’animateur Patrick Masbourian sur les ondes de Radio-Canada.

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Étonnement à Québec

Le choix de Justin Trudeau d’utiliser un tel mot trumpien a retenu l’attention d’élus à l’Assemblée nationale du Québec. « Cette terminologie de “tsar” me renverse », a ainsi réagi mardi le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon.

Il interprète cette nomination comme un « changement de philosophie » du gouvernement Trudeau à l’égard de la frontière. « Justin Trudeau nous a dit pendant 10 ans qu’on était à l’époque postnationale, où toute personne pouvait traverser la frontière, ce qui a donné lieu à du trafic humain, à de la criminalité. Là, on vient complètement de changer de philosophie, [en assurant que] la frontière va être fortement sécurisée. »

La co-porte-parole de Québec solidaire, Ruba Ghazal, croit que l’appellation ne change rien au fond du dossier. « Qu’on l’appelle tsar, qu’on l’appelle empereur, qu’on l’appelle n’importe quoi, c’est un haut fonctionnaire, là. Il va s’occuper d’un problème qui est très minime par rapport [à celui constaté] au Mexique. »

Au moment où ce texte était publié, l’Agence des services frontaliers du Canada n’avait toujours pas donné de précisions au Devoir quant à la description de tâche de ce futur « tsar du fentanyl ».

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