D'où vient le Covid long
Depuis l'explosion du COVID-19 en mars 2020, de nombreuses personnes infectées par le virus ont rapporté souffrir de symptômes récurrents et altérant leur vie quotidienne, et ce plusieurs semaines, voire plusieurs mois après être tombées malades.
En effet, 2 millions de personnes présentaient une affection post-COVID-19 fin 2022, selon les chiffres de Santé Publique France. Jusqu'ici, le manque de recul sur la pathologie ne permettait pas de mettre le doigt sur l'origine de l'affection de longue durée.
Mais des chercheur.euses de l’Université de Cambridge et d’Oxford (Angleterre) sauraient désormais les expliquer. Leurs résultats ont été publiés dans la revue Nature Immunology le 1er mars 2024.
Covid long : des problèmes liés aux niveaux de fer dans le sang
Fatigue, douleurs, difficultés respiratoires ou troubles persistants : si quatre semaine après votre infection au COVID-19, vous présentez des symptômes prolongés, vous pourriez être touché.e par un "Covid long". Une affection handicapante sur la durée, dont les origines étaient encore jusqu'ici inconnues. Mais des chercheur.euses anglais.es ont peut-être résolu ce mystère.
"L'analyse de plusieurs échantillons sanguins et d'informations cliniques recueillies sur une période de 12 mois après l'infection s'est avérée inestimable pour nous donner des indications importantes et inattendues sur les raisons pour lesquelles, chez certaines personnes malchanceuses, l'infection initiale par le SRAS-CoV-2 est suivie par des mois de symptômes persistants", a expliqué Ken Smith, directeur de l'étude de l’Institut d’immunologie thérapeutique et des maladies infectieuses de Cambridge.
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Concrètement, d’après le communiqué de l'université, tout s'expliquerait par des complications liées à notre taux de fer dans le sang : “les problèmes liés aux niveaux de fer dans le sang et à la capacité de l'organisme à réguler ce nutriment important à la suite d'une infection par le SRAS-CoV-2 pourraient être un déclencheur clé d'un COVID de longue durée”, peut-on lire.
Des taux insuffisants particulièrement forts ont en effet été notés chez les patient.es présentant un COVID de plusieurs mois.
Mais comment l'expliquer ? "Le fer est principalement nécessaire au transport et à l’utilisation de l’oxygène", explique l'ANSES sur son site. Et un manque de fer "se traduit par une moindre capacité de l’organisme à transporter l’oxygène jusqu’aux cellules. Cela peut provoquer fatigue, maux de tête, vertige, essoufflement", continue l'organisme.
Ces nouvelles découvertes pourraient expliquer pourquoi la fatigue persistante ou les problèmes respiratoires sont des symptômes courants du Covid long.
Une inflammation persistante qui empêche l'organisme de guérir
Les scientifiques anglais.es ont également découvert que l'organisme ne parvenait pas à rétablir des taux de fer normaux dans le sang, notamment du fait de l'inflammation globale due au COVID-19.
"Bien que nous ayons constaté que l'organisme essayait de remédier à la faible disponibilité du fer et à l'anémie qui en résultait en produisant davantage de globules rouges, il n'y parvenait pas particulièrement bien face à l'inflammation persistante”, a expliqué de son côté la chercheuse Aimee Hanson.
Car lorsque nous sommes malades, nos défenses immunitaires sont en alerte, occultant le reste de l'organisme. "L'équipe a découvert que l'inflammation en cours - un élément naturel de la réponse immunitaire à l'infection - et les faibles niveaux de fer dans le sang, contribuant à l'anémie et perturbant la production de globules rouges sains, pouvaient être observés dès deux semaines après la COVID-19 chez les personnes ayant déclaré une COVID longue plusieurs mois plus tard”, peut-on lire dans le communiqué.
De plus, l'organisme infecté réagit en éliminant le fer de notre circulation. "Cela nous protège des bactéries potentiellement mortelles qui capturent le fer dans la circulation sanguine et se développent rapidement […] Cependant, si cela dure longtemps, il y a moins de fer pour les globules rouges, de sorte que l'oxygène est transporté moins efficacement, ce qui affecte le métabolisme et la production d'énergie, et pour les globules blancs, qui ont besoin de fer pour fonctionner", précise le professeur Hal Drakesmith.
Finalement, c'est le mélange de problèmes liés au fer, auxquels s'ajoute l'inflammation persistante, qui plongent l'organisme dans un cercle vicieux qui l'empêche de guérir. "Ce n'est pas nécessairement que les individus n'ont pas assez de fer dans leur corps, c'est simplement qu'il est piégé au mauvais endroit. Ce dont nous avons besoin, c'est d'un moyen de remobiliser le fer et de le ramener dans la circulation sanguine, où il sera plus utile aux globules rouges”, nuance l'auteure Aimee Hanson.
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