La démission de Chrystia Freeland fait rire Donald Trump

Le président désigné des États-Unis, Donald Trump, a applaudi le départ de la ministre canadienne des Finances « toxique », Chrystia Freeland, dans un nouveau message nocturne se moquant du Canada.

« Le grand État du Canada est stupéfié alors que la ministre des Finances démissionne, ou a été renvoyée, de son poste par le gouverneur Justin Trudeau », a écrit M. Trump vers 22 h 35 lundi soir sur son site Truth Social.

Le prochain président américain reprend ainsi pour au moins la cinquième fois sa petite plaisanterie faisant allusion à l’annexion prochaine du Canada par son pays. Il l’avait d’abord formulée en plein visage de Justin Trudeau lors d’un souper en Floride, fin novembre. Le remplaçant de Mme Freeland aux Finances, Dominic LeBlanc, était aussi présent.

Dans un ton où il est difficile de départager l’ironie de la véritable opinion, Donald Trump a conclu son message de lundi soir par trois points d’exclamation. « Son comportement [à Chrystia Freeland] était totalement toxique, ce qui n’était pas propice à conclure des ententes pour les citoyens très malheureux du Canada. On ne s’ennuiera pas d’elle !!! »

Numéro deux du gouvernement du Canada et véritable bras droit de Justin Trudeau jusqu’à lundi, Chrystia Freeland était justement en désaccord avec son chef sur la façon de réagir au retour de Donald Trump. Son départ a provoqué lundi une grave crise politique à Ottawa, alors que le document de mise à jour économique de l’automne qu’elle a préparé a été déposé au Parlement en son absence.

« Nous devons prendre cette menace au sérieux », a écrit la ministre dans sa lettre de démission diffusée lundi matin. Elle faisait référence aux nouveaux tarifs annoncés par le président désigné des États-Unis, qui prône, dit-elle, un « nationalisme économique agressif ». Elle aurait préféré « préserver [la] capacité fiscale » du pays, au lieu de dépenser les fonds publics dans des « astuces politiques coûteuses ».

Avant même de prendre le contrôle du gouvernement américain, le 20 janvier, Donald Trump a évoqué cet automne l’imposition de tarifs douaniers de 25 % sur toutes les importations en provenance du Canada et du Mexique.

L’opposition réagit

Le chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, estime que cette querelle interne chez les libéraux a « de graves conséquences » pour la réputation du pays. « C’est clair que Justin Trudeau est vu comme étant un clown à travers le monde. La faiblesse de Justin Trudeau nuit à la réputation de tous les Canadiens. Ça [incite] d’autres chefs mondiaux à l’insulter et, indirectement, d’insulter tous les Canadiens », a-t-il lâché lors d’un point de presse tenu à Mississauga, en Ontario.

Son homologue au Bloc québécois, Yves-François Blanchet, estime quant à lui qu’il vaut mieux ne pas réagir aux moindres microbillets intempestifs publiés par Donald Trump — qui ont pour objectifs, croit-il, de déstabiliser le Canada. « Mme Freeland n’était pas une intime de Donald Trump. […] Il y a quelqu’un qui a fabriqué avec le président [désigné] ce message-là dans le but de nous envoyer encore une fois courir dans toutes les directions, comme des poules décapitées. En général, ça marche. Il faut que ça arrête de marcher. »

Chrystia Freeland ne s’est pas adressée aux médias depuis la publication de sa lettre de démission, lundi matin. Lors de ses déclarations publiques comme ministre, elle n’a jamais voulu interpréter comme une blague les propos équivoques du futur président selon lesquels le Canada pourrait former un 51e État des États-Unis.

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