Stellantis, privatisation d'Air Portugal... Carlos Tavares s'exprime pour la première fois depuis son...
L'ex-directeur général de Stellantis revient dans la presse portugaise sur son départ "à l'amiable" du groupe automobile et du rôle qu'il pourrait jouer dans la privatisation de TAP Air Portugal.
Un long silence. Depuis sa démission "avec effet immédiat" de Stellantis annoncé le 1er décembre dernier, Carlos Tavares ne s'était pas encore exprimé publiquement.
L'ex-directeur général du géant automobile est revenu sur ce départ précipité dans une interview accordée à l'hebdomadaire portugais Expresso.
Départ "à l'amiable"
Carlos Tavares a notamment déclaré que son départ "à l'amiable" était motivé par des désaccords avec le conseil d'administration sur la stratégie à mettre en œuvre.
Le dirigeant, arrivé en 2014 à la tête de PSA avant la naissance de Stellantis début 2021, n'est pas entré dans les détails de ses divergences avec le conseil d'administration du constructeur automobile franco-italien. Il explique simplement que la décision de son départ avait été prise conjointement par lui et le président John Elkann.
Des sources familières de l'affaire ont déclaré à Reuters que son éviction soudaine avait été déclenchée par des objectifs fixés par Carlos Tavares. Des objectifs jugés irréalistes ou destructeurs par certains membres du conseil d'administration.
"Protéger l'entreprise"
Dans l'interview à Expresso, Carlos Tavares souligne que la principale préoccupation était de "protéger l'entreprise afin qu'une différence de points de vue ne crée pas le risque d'un mauvais alignement de l'entreprise".
"Une entreprise qui emploie 250.000 personnes, réalise un chiffre d'affaires de 190 milliards d'euros et vend 15 marques dans le monde entier ne peut pas être gérée avec un manque d'alignement, ce qui a un impact immédiat sur la gestion stratégique", a-t-il ajouté.
À la question de savoir s'il se sentait blessé par le résultat, il a répondu: "Non, pas du tout". Il a ajouté qu'il agirait de la même manière s'il pouvait revenir en temps utile.
Considéré auparavant comme l'un des dirigeants les plus respectés de l'industrie automobile, la stratégie mise en place par Carlos Tavares a fait l'objet d'un examen minutieux après que la chute des ventes en Amérique du Nord a conduit le constructeur automobile, en septembre, à émettre un avertissement sur ses résultats pour 2024.
Les concessionnaires, les experts du secteur et les clients affirment que Stellantis s'est exclue du marché aux États-Unis et en Europe sous la direction de Carlos Tavares, note la dépêche de Reuters.
"Lorsque vous faites face à une tempête, vous devez diriger le bateau en fonction des vagues. Vous ne pouvez pas discuter de la meilleure façon de les affronter", a déclaré Carlos Tavares dans cette interview, rappelant que l'industrie automobile traversait actuellement une période "darwinienne", une expression qu'il avait maintes fois utilisée lorsqu'il dirigeait Stellantis.
Un rôle à jouer dans la privatisation d'Air Portugal?
Carlos Tavares est également revenu sur son avenir. Il envisage de jouer un rôle dans la privatisation de la compagnie aérienne TAP Air Portugal, en tant qu'investisseur ou administrateur non exécutif, résume l'AFP.
Il a affirmé avoir été abordé par "un nombre très important d'amis": ils "sont venus vers moi pour me demander si je voulais participer à ce projet" de privatisation.
S'il précise qu'"aucune décision n'a été prise", Carlos Tavares fait valoir que l'État portugais pourrait céder une partie du capital de la TAP à une de ses concurrentes européennes tout en protégeant les intérêts économiques du pays, très dépendant du tourisme.
"Il peut y avoir des synergies, mais le contrôle de l'entreprise resterait au Portugal" en additionnant "l'État portugais, des gestionnaires portugais et des investisseurs portugais", a-t-il précisé.
L'ex-directeur général de Stellantis est resté vague sur son rôle éventuel: "ça peut être au niveau du conseil d'administration, ça peut être au niveau d'investisseur, mais probablement non exécutif".
Renationalisée dans l'urgence pour bénéficier d'une injection de 3,2 milliards d'euros de fonds publics, TAP Air Portugal doit être à nouveau privatisée à hauteur d'au moins 51% de son capital.
Cette vente, qui doit être conclue en 2025, suscite l'intérêt des compagnies européennes Air France-KLM, Lufthansa et le groupe IAG (British Airways et Iberia).
Le gouvernement portugais, avec lequel Carlos Tavares affirme ne pas avoir pris contact, avait récemment fait part de l'intérêt d'une douzaine d'entités au total, dont des entreprises et des fonds d'investissement non-européens.
Julien Bonnet, avec agences