Vente de l'AS Saint-Étienne : l'économiste du sport Pierre Rondeau aussi méfiant qu'optimiste
France Bleu Saint-Étienne Loire : Que pouvez-vous nous dire ce matin du groupe canadien Kilmer Sports Ventures, en négociations exclusives pour racheter l'AS Saint-Étienne ? Doit-on leur faire confiance ?
Pierre Rondeau : Si on regarde leur CV, on peut constater qu'effectivement ils ont de l'expérience et notamment de l'expérience footballistique. On s'interroge toujours lorsque des investisseurs étrangers, qui sont en l'occurrence nord américains, canadiens, viennent dans le football et viennent dans des sports qu'ils ne connaîtraient pas. On l'a vu avec des fonds d'investissement américains lorsqu'il était venu au PSG ou à Bordeaux, avec quelque peu, comment dirais-je, clopé. Donc j'ai toujours une inquiétude à ce niveau-là. Mais là, l'expérience montre qu'eux, ils ont de la bouteille, ils ont les connaissances dans le domaine footballistique et on ne peut qu'être optimiste.
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Est-ce que c'est malin, selon vous, d'avoir à la fois Ivan Gazidis, avec son expérience pour le côté sportif (AC Milan, Arsenal) et la sécurité d'avoir derrière un magnat du sport comme Lary Tanenbaum, le grand patron du groupe Kilmer Sports, avec une fortune estimée à 2,5 milliards d'euros par le magazine Forbes ?
Oui, c'est malin, mais après on va essayer de voir autant le verre à moitié vide que le verre et que le verre à moitié plein. C'est bien d'avoir quelqu'un d'expérimenté et de confiance qui va prendre les rênes du club. Maintenant, c'est un milliardaire qui est à la manœuvre. Ce ne sont pas des gens qui viennent donner gratuitement de l'argent. Il y a un retour sur investissement. Pour gagner de l'argent, c'est par le trading de joueurs qui compte : ça peut fonctionner tout comme ça peut aussi être catastrophique. S'il n'y a plus aucune stabilité sportive, si vous bradez vos joueurs, vous pouvez tout aussi bien vendre le club après une moitié de saison.
Il a quand même l'air d'avoir le nez creux, Larry Tenenbaum, et d'avoir aussi le sens du défi. Il est déjà à la tête d'une dizaine d'équipes, dont les Toronto Raptors qui évoluent dans le championnat de basket NBA.... Il ne met pas ses billes n'importe où !
Être à la tête d'une équipe de haute niveau, c'est moins risqué. La première étape est de remonter en Ligue 1 pour l'AS Saint-Étienne, ensuite d'y rester et de viser une qualification européenne pour garantir un business plan à l'équilibre. Comme d'habitude, quand on s'intéresse aux investisseurs étrangers dans le football, ils ne font pas dans les sentiments, Ils viennent ici pour avoir un retour sur investissement.
Donc on joue très gros, en cette fin de saison, dans la course à la Ligue 1...
Je ne suis pas dans le secret des dieux mais si j'en crois les informations du journal l'Équipe, la négociation tourne autour d'un prix compris entre 20 et 25 millions d'euros avec une majoration de 5 millions d'euros en cas de montée.