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Le grand maître du tabla Zakir Hussain disparaît

Le grand maître du tabla Zakir Hussain disparaît
L’un des plus grands ambassadeurs de la tradition musicale indienne s’est éteint dimanche à l’âge de 73 ans.

L’un des plus grands ambassadeurs de la tradition musicale indienne, Zakir Hussain, s’est éteint dimanche à l’âge de 73 ans. Riche d’une carrière de près de soixante ans, le virtuose du tabla a contribué à faire connaître la musique hindoustanie à travers le monde grâce à de fructueuses collaborations avec des musiciens occidentaux, notamment avec le guitariste John McLaughlin et l’ex-Beatles George Harrison.

L’icône de la musique classique indienne est décédée de la fibrose pulmonaire idiopathique, une maladie pulmonaire chronique, dans un hôpital de San Francisco, a indiqué sa famille dans un communiqué, rapporte l’Associated Press : « Son travail prolifique en tant qu’enseignant, mentor et éducateur a laissé une marque indélébile sur d’innombrables musiciens. [Zakir Hussain] souhaitait inspirer la prochaine génération à se dépasser. Il laisse derrière lui un héritage sans précédent à titre d’ambassadeur culturel et d’un des plus grands musiciens de tous les temps. »

Né à Mumbai en 1951, Zakir Hussain était destiné à une carrière musicale, et précisément aux tambours que l’on appelle tabla : son père, Alla Rakha (1919-2000), en fut le grand virtuose de son époque, un fidèle accompagnateur du légendaire sitariste Ravi Shankar, et celui par qui le monde occidental a pu découvrir l’art raffiné et spectaculaire du tabla.

Sa réputation déjà acquise en Inde où il se produisit sur scène dès l’âge de douze ans, le jeune Hussain fut présenté au public international par le batteur Mickey Hart des Greateful Dead, qui l’invite, ainsi que son père, à enregistrer avec lui l’album Rolling Thunder en 1972. L’année suivante, George Harrison le convie aux sessions d’enregistrement de son quatrième album solo Living in the Material World, paru en 1973.

La même année est fondé Shakti, ensemble réunissant deux autres estimés interprètes — de la tradition musicale carnatique (du sud) — , le violoniste L. Shankar et le percussionniste T. H. Vinayakram. L’ensemble parcourra les scènes du monde pendant cinq ans, lançant trois albums en 1976 et 1977. Hussain et McLaughlin proposeront vingt ans plus tard une nouvelle version de l’orchestre, nommé Remembering Shakti, qui passera par Montréal en 1999 et 2001, à l’invitation du Festival international de jazz de Montréal. La dernière visite chez nous du maître Hussain remonte à mars dernier au Théâtre Maisonneuve, en trio avec la flûtiste Debopriya Chatterjee Ranadive et le joueur de sarangi (une vièle à archet) Sabir Khan.

Les deux vieux amis ont reformé Shakti en 2020 (avec le chanteur Shankar Mahadevan, le violoniste Ganesh Rajagopalan et le percussionniste Selvaganesh Vinayakram) pour offrir en 2023 un quatrième album, après 46 ans de silence. Intitulé This Moment, l’album fut honoré lors de la dernière cérémonie des Grammys du prix Best Global Music Album ; lors de cette cérémonie, Zakir Hussain a remporté deux autres prix, Best Global Music Performance (pour Pashto, composée et interprétée par Hussain et Béla Fleck au banjo) et Best Contemporary Instrumental Album (pour As We Speak de Béla Fleck, le contrebassiste Edgar Meyer et Hussain).

Sa discographie s’étire sur une centaine d’albums ; le charismatique virtuose a enregistré avec L. Shankar, le compositeur et saxophoniste norvégien Jan Garbarek, Pharoah Sanders, le projet Tabla Beat Science du bassiste Bill Laswell, les jazzmen Dave Holland, Chris Potter et Charles Lloyd. Également compositeur, Pandit Zakir Hussain a signé de nombreuses musiques de film (dont celle de Little Buddha de Bernardo Bertolucci, 1993) et a même tenu des rôles au cinéma ; à sa dernière apparition dans le long métrage Monkey Man du réalisateur et acteur Dev Patel paru le printemps dernier, il jouait son propre rôle de virtuose.

Avec l’Associated Press

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