Le risque de COVID longue atteint 37 % après trois infections, selon l’INSPQ
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Alors que la COVID-19 continue de circuler abondamment, un rapport de l’INSPQ prévient que le risque d'être atteint de la COVID longue augmente à chaque réinfection et note que le système de santé québécois ne réussit pas à aider le nombre croissant de personnes qui ont des symptômes persistants depuis des mois, voire des années.
Le rapport de l’Institut national de la santé publique du Québec (Nouvelle fenêtre) (INSPQ), qui a sondé des milliers de travailleurs de la santé au Québec infectés entre le début de la pandémie et l’été 2023, a été publié sans grand bruit lundi. Pourtant, ce rapport prévient que l’affection post-COVID, communément appelée COVID longue, touche de plus en plus de personnes.
C’est une problématique importante et réelle. On veut qu’il y ait une conscientisation auprès du public et des autorités de santé publique, dit Sara Carazo, une des auteurs du rapport.
Selon l’INSPQ, environ 16 % des travailleurs de la santé sondés ont signalé des symptômes pendant plus de 12 semaines après une infection à la COVID-19. Pour certains, les symptômes se sont résorbés après quelques mois, mais 6 % de tous les travailleurs de la santé du Québec présentaient encore des symptômes persistants de la COVID-19 à l'été 2023, soit environ 24 000 personnes.
Selon Sara Carazo, ces données brossent un bon portrait de la prévalence de la COVID longue à l'échelle provinciale et concordent avec de nombreuses autres études, dont l’Enquête canadienne sur la santé et les anticorps contre la COVID-19 (Nouvelle fenêtre), qui montrent que le taux de prévalence de la COVID longue est d’environ 15 %.
Les réinfections ne sont pas banales
Le rapport indique également que le risque d'être atteint de la COVID longue augmente en fonction du nombre d’infections.
On ne sait pas si le niveau de risque va plafonner avec [plus de trois] réinfections, mais en ce moment, on constate que le risque augmente avec chaque réinfection, précise Sara Carazo.
Le nombre d’adultes québécois touchés par la [COVID longue] est déjà élevé. Ce nombre pourrait augmenter avec la transmission persistante du SRAS-CoV-2 et un risque de COVID longue qui progresse avec le nombre d’infections.
Une citation de Rapport de l'INSPQ
Il faut rappeler que le nombre de cas de COVID-19 demeure élevé. L'INSPQ estime qu’il y a eu 100 000 nouveaux cas de COVID-19 au Québec dans la semaine du 20 octobre.
De plus, le taux de positivité – qui permet de savoir si le niveau de transmission du virus est élevé dans la communauté – a dépassé les 20 % en septembre. Il a légèrement diminué depuis lors, mais il oscille autour de 15 %. Lors d’une des plus grosses vagues, en décembre 2021, ce taux a presque atteint 30 %.
Par ailleurs, si le risque d'être atteint d'une COVID longue était deux fois plus élevé dans le cas de la souche ancestrale du virus, plus de 75 % des cas de COVID longue sont associés aux nombreux sous-variants Omicron, apparu à l’hiver 2020-2021. Le risque de COVID longue semble être similaire entre les différents sous-variants Omicron.
Des symptômes incapacitants pour plusieurs
C’est lors de sa deuxième infection que Mélanie Champagne a développé sa COVID longue. Après avoir été alitée pendant deux semaines, elle a remarqué que ses symptômes ne disparaissent pas. Mélanie, qui auparavant courait quatre fois par semaine, vit désormais avec une panoplie de symptômes incapacitants : fatigue extrême, congestion, brouillard mental, difficulté à se concentrer, sensibilité au bruit.
Aujourd'hui, elle ne peut pas travailler et doit faire deux siestes par jour juste pour pouvoir accomplir ses tâches quotidiennes.
C’est comme si j’étais un vieux cellulaire qui ne se recharge pas. Si je ne fais absolument rien de ma journée, ma batterie se recharge à 20-25 % maximum. Si j’ai le malheur de ne pas me reposer, ça me prend une semaine à m'en remettre.
Une citation de Mélanie Champagne, atteinte de COVID longue
Les symptômes de Mélanie Champagne ressemblent à ceux subis par des milliers d’autres personnes atteintes de la COVID longue. Le tiers des personnes sondées par l'INSPQ atteintes de la COVID longue ont signalé au moins un symptôme lourd.
L'INSPQ observe également que parmi les personnes qui sont toujours atteintes de la COVID longue, plus de la moitié ont des symptômes qui persistent depuis plus d'un an.
Parmi les personnes dont la maladie s'est résorbée, la durée moyenne de leurs symptômes a été de sept mois.
Répercussions sur la pénurie de main-d'œuvre et sur le système de santé
Les auteurs du rapport préviennent que le nombre élevé de personnes atteintes de la COVID longue pose de grands défis au système de santé et à la société québécoise de façon plus générale.
Le rapport note que la pénurie de main-d’œuvre serait exacerbée par un nombre élevé de personnes atteintes de la COVID longue et qui ne peuvent plus travailler ou qui ont dû réduire leur charge de travail.
Une revue de synthèse canadienne a permis d'apprendre que près de 20 % des personnes atteintes de la COVID longue ont été absentes au travail pendant une période supérieure à six mois.
Les symptômes persistants de [la COVID longue] sont liés à un absentéisme au travail important qui pourrait requérir des ajustements par les assureurs et la CNESST, peut-on lire dans le rapport, qui ajoute que l’accès limité à des autotests rapides complique les demandes d'indemnisation de longue durée.
Christian Dubé : avez-vous un plan?
Quand elle a lu le rapport de l’INSPQ, Mélanie Champagne s'est fâchée. Elle interpelle le ministre de la Santé : pourquoi la COVID longue n’est-elle pas davantage une priorité? Pourquoi ne pas faire de campagnes de sensibilisation? Pourquoi les services sont-ils si difficiles à obtenir?
On ne peut pas aller plus vite que la science, mais qu’est-ce qu’on fait des personnes comme moi, qui souffrent? On ne sent pas la volonté de mieux nous soutenir.
Une citation de Mélanie Champagne, atteinte de la COVID longue
Si le gouvernement du Québec se targue d’avoir ouvert 15 cliniques post-COVID et pour la maladie de Lyme, les données de l’INSPQ montrent que les ressources sont insuffisantes.
Les personnes touchées perçoivent que l’accès aux soins ne comble pas leurs besoins, écrivent les auteurs du rapport.
Dans un courriel à Radio-Canada, le ministère de la Santé admet que le recrutement et la rétention du personnel dans ces cliniques spécialisées est difficile. Le ministère, qui alloue 5,9 millions de dollars annuellement à la détection de cette maladie, promet de lancer d’autres initiatives, notamment une formation pour que les personnes atteintes de la COVID longue soient prises en charge par les cliniciens en première ligne.
Selon le ministère de la Santé, en date du 31 août 2024, près de 2000 personnes étaient suivies dans une des 15 cliniques post-COVID au Québec. Environ 1700 personnes sont sur une liste d’attente et le délai moyen à l’échelle provinciale est de 186 jours, précise le ministère de la Santé. Environ 100 nouvelles personnes s’ajoutent à ces listes chaque mois.
Quant à Mélanie Champagne, on lui a dit que l’attente serait de 14 à 16 mois. En attendant, elle scrute les forums de discussion en ligne pour y trouver des conseils. C’est de l’auto-soin. Personne ne nous guide.
Si elle essaie de garder le moral, elle a tout de même l’impression qu’elle et les milliers d’autres personnes atteintes par la COVID longue ont été oubliées par le gouvernement.
On nous dit de faire confiance au temps, mais c’est difficile. C’est le présent qui s’envole. Ce sont les projets qui s’envolent.
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