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Énoncé économique de l’automne | Ottawa a renoncé à faire preuve de responsabilité budgétaire

Énoncé économique de lautomne  Ottawa a renoncé à faire preuve de 
responsabilité budgétaire
Il y a à peine un an, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, présentait une série de cibles budgétaires – une décision éminemment politique visant, on le devine, à projeter une certaine image de responsabilité budgétaire.

Il y a à peine un an, la ministre des Finances, Chrystia Freeland, présentait une série de cibles budgétaires – une décision éminemment politique visant, on le devine, à projeter une certaine image de responsabilité budgétaire.

Publié le 13 décembre
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Robert Asselin
Robert Asselin Premier vice-président au Conseil canadien des affaires. Il a été conseiller des premiers ministres Paul Martin et Justin Trudeau ainsi que du ministre des Finances Bill Morneau.

Malheureusement, comme Mme Freeland l’a elle-même admis cette semaine, ces cibles seront pratiquement abandonnées lors du dévoilement de l’Énoncé économique de l’automne, le 16 décembre. C’est le signal le plus inquiétant et probant à ce jour que le gouvernement ratera son objectif auto-imposé de limiter le déficit à 40 milliards de dollars. Pour la troisième fois en quatre ans, le gouvernement Trudeau n’atteindra pas les cibles qu’il s’est pourtant lui-même fixées.

En octobre, le directeur parlementaire du budget avait déjà indiqué que le gouvernement risquait de manquer sa cible, prévoyant un déficit de 46,8 milliards de dollars. Mais les propos de Mme Freeland suggèrent que la situation est encore plus grave que ce que l’on avait imaginé.

Un PIB supérieur aux prévisions

Mme Freeland a déclaré que le gouvernement sera en mesure de maintenir le ratio dette/PIB à 42,1 %. Ce qu’elle n’a pas mentionné, c’est que le PIB s’est révélé supérieur de 45 milliards de dollars par rapport aux prévisions du dernier budget. Cela implique donc que le déficit de l’an dernier frôlera 60 milliards de dollars, 50 % au-dessus de ce qui nous avait été promis par le gouvernement.

Le déficit du gouvernement du Canada n’est pas qu’un simple chiffre ; il reflète une tendance structurelle à dépenser au-delà de nos moyens et un manque de prévoyance budgétaire.

Contrairement aux déficits enregistrés en période de crise nationale, le déficit actuel est largement structurel, alimenté par des engagements de dépenses qui ne sont ni temporaires ni correctement financés. Des programmes mis en place sans égard à leur viabilité à long terme ont enfermé le gouvernement dans une spirale d’augmentations perpétuelles des dépenses.

Cette approche a érodé le coussin fiscal du gouvernement, exposant le pays à des chocs externes. Le spectre de la menace du président désigné Donald Trump de réinstaurer des tarifs sur les produits canadiens pourrait porter un coup sévère à une économie déjà fragile.

À cela s’ajoutent les pressions croissantes des alliés de l’OTAN, exigeant que le Canada atteigne beaucoup plus rapidement l’objectif de 2 % du PIB pour les dépenses de défense. Pendant des années, le Canada est resté à la traîne, consacrant environ 1,3 % de son PIB à la défense. Bien que cette lacune ait été tolérée par le passé, les tensions géopolitiques et l’évolution des alliances mondiales rendent nos alliés moins indulgents.

Les vents économiques contraires auxquels le Canada fait face ne se limitent pas aux menaces externes. Sur le plan national, le taux de chômage, qui avoisine désormais les 7 %, est le signe avant-coureur d’un ralentissement économique plus large.

Inverser la tendance

Il n’est pas trop tard pour inverser la tendance. Reprendre le contrôle des dépenses publiques nécessitera un changement fondamental dans l’approche du gouvernement fédéral en matière de politique budgétaire. Avant tout, il doit adopter un plan clair de réduction du déficit.

Une réforme s’impose dans la gestion des dépenses de programmes. Une révision exhaustive des programmes existants est nécessaire pour identifier les inefficacités et garantir que les ressources soient orientées vers des initiatives alignées sur les priorités nationales. De même, le gouvernement doit résister à la tentation de lancer de nouveaux engagements de dépenses sans plan correspondant pour les financer durablement.

Ces dernières années, le gouvernement a augmenté les dépenses en faisant fi du cycle économique, notamment en période de taux d’intérêt élevés.

Plutôt que de se concentrer sur des gains de productivité à long terme, il a intensifié des dépenses favorisant la consommation. Qui plus est, même lorsque l’économie s’est redressée après la pandémie, les dépenses publiques ont stimulé la demande des consommateurs sans renforcer la capacité productive de l’économie.

Cette stratégie – illustrée par la récente exemption temporaire de la TPS sur certains biens – stimule la consommation sans s’attaquer aux défis structurels de productivité. Pendant ce temps, l’alourdissement de la dette limite la capacité du Canada à agir lors de futurs ralentissements économiques et face à des circonstances imprévues.

Le Canada fait face à plusieurs obstacles structurels. Un défi majeur est le vieillissement de la population, qui exerce une pression croissante sur les services publics et les programmes sociaux alors que le nombre de retraités augmente. De plus, la dépendance du Canada au commerce avec les États-Unis rend le pays vulnérable aux changements dans la nouvelle dynamique commerciale mondiale et aux tensions géopolitiques.

L’abandon de la responsabilité budgétaire annoncée cette semaine par la ministre Freeland survient à un moment des plus inopportuns pour notre pays.

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