"Humain", "compétent", "discret" : Qui est Gazidis, le prochain homme fort des Verts ?

Ce jeudi, incognito, il s'est rendu dans la boutique des Verts juste à côté du stade Geoffroy-Guichard. Ivan Gazidis n'est pas encore le patron des Verts mais il a tâté le terrain et sa prise de pouvoir n'est sans doute plus qu'une question de jours. L'ASSE est entrée en négociations exclusives avec le fonds canadien Kilmer Sports Ventures dont Gazidis est le directeur général. Ancien homme fort d'Arsenal (2009-2018), débauché par l'AC Milan qui en a fait son directeur général (2018-2022), il a déjà une très grosse expérience. Quels souvenirs a-t-il laissé dans ses anciens clubs ?

"Pour moi, il est difficile d'évaluer son action, nous confie Elliot Smith, animateur du podcast Arsenal Vision. Il a présidé une ère définie par le leadership d'Arsène Wenger puis a quitté le club alors qu'il y avait une réelle opportunité de changement." Gazidis est arrivé à Arsenal quand le club entrait dans une phase de transition et tentait de rembourser la dette de son nouveau stade. Les Gunners ne pouvaient plus rivaliser avec les deux clubs de Manchester ou Chelsea. "Arsenal a maintenu tout de même le rythme en terminant toujours dans les quatre premiers et il a acquis un certain crédit pour cela, nous fait savoir Ibrahim Mustapha, journaliste à Eurosport Angleterre. Par contre, les supporteursd'Arsenal lui reprochent certains transferts complètement ratés et la nomination d'Unai Emery qui fut un échec."

A Milan, les souvenirs sont beaucoup plus doux. D'abord et avant tout parce que sous sa direction, les Lombards ont remporté leur premier Scudetto (2022) depuis plus de dix ans. Après sept années loin de la Ligue des champions, la bande à Stefano Pioli a retrouvé la C1 et des ambitions. Mais au-delà de ses réussites sportives, Gazidis a profondément restructuré un club qui n'en finissait plus de perdre de l'argent. De quoi convaincre des tifosi qui doutaient à son arrivée.

"Il a remis les comptes du club à flots, témoigne Antonio Vitiello, directeur du site spécialisé Milan News. En quatre ans, le club est passé d'un bilan financier de - 190 millions d'euros à zéro. En gros, il a réussi à ramener les sponsors, améliorer le marketing et l'image de marque du club. Son travail a été très important. Il a eu aussi des désaccords parfois avec Paolo Maldini, mais ce dernier en a eu avec presque tout le monde. Au sein du club, la relation n'a toujours pas été fantastique entre les deux. Mais ce qui compte, ce sont les résultats. Et Gazidis les a obtenus."

"Au début, il a voulu agir sur tous les secteurs du club, nous expose un salarié de l'AC Milan. Après quelques frictions (ndlr : avec Maldini), il s'est plus occupé du hors terrain. Il a géré la partie financière et managériale, en y mettant les bonnes personnes. Sur la partie commerciale, nous avons eu une augmentation des revenus incroyable. Il a également des grands contacts dans son répertoire, en plus d'un poids politique important." "Discret, éduqué et compétent", selon la même source, Gazidis sait s'entourer.

A Saint-Etienne, il arrive avec Huss Fahmy, ancien avocat au répertoire fourni et négociateur en chef, et Jaeson Rosenfeld, expert en data. "Bien que tous les transferts à Arsenal n'aient pas été couronnés de succès, le processus et, par conséquent, le travail de Rosenfeld a été considéré comme bénéfique dans une large mesure", note Ibrahim Mustafa. Après une co-présidence qui aura duré beaucoup trop longtemps, les Verts tournent la page et semblent enfin entrer dans l'ère moderne. Gazidis l'incarne à sa façon mais il lui faudra s'adapter à un contexte local très particulier. Le challenge est très palpitant.